Valeurs & objectifs

Valeurs

-À l'époque de la fondation de l’Adeppi, en 1981, plus aucune formation n'était organisée en prison, malgré la demande des détenus : les postes d’instituteurs, présents en prison auparavant et engagés par l’administration pénitentiaire, n’étaient plus remplacés.

L'Adeppi a alors été créée à l'initiative privée de travailleurs associatifs actifs dans la lutte contre l’exclusion sociale, dont certains avaient déjà une expérience de travail en milieu carcéral (principalement via l’asbl Infor-Justice - aujourd’hui SSM Prison asbl), dans le but d’avoir une équipe qui s’occuperait exclusivement de l’éducation et de la culture au sens large en prison.

Les valeurs principales mises en avant étaient le respect des détenus en tant qu’individu, qu’être humain ; et l’idée forte que tout être humain est perfectible, qu’il peut s’améliorer et réintégrer la société. C’est-à-dire en fait l’idée première du concept d’éducation permanente.

-Par ailleurs, les fondateurs ont tenu à gérer eux-mêmes leur association, en donnant à chacun de ses membres un pouvoir de décision et un statut égal. Quel meilleur moyen pour arriver à ce que les décisions soient comprises et appliquées, que les travailleurs y adhèrent et que les objectifs soient remplis que de permettre à chacun de participer à la prise de décision ?

Chacun se sent alors responsable et impliqué, et chacun devient un pilier porteur de l’association, surtout du fait de la « décentralisation », de la dispersion des travailleurs dans les prisons bruxelloises et wallonnes. Ce principe d’auto-gestion est d’ailleurs toujours au cœur de l’asbl aujourd’hui, plus de 30 ans après.

Objectifs

-Dans ses statuts déposés, l’Adeppi a pour but de :

Promouvoir l’accès à la culture et à l’éducation permanente pour les personnes incarcérées. Promouvoir l’insertion socio-professionnelle par l’organisation de formations pré-qualifiantes et qualifiantes. Promouvoir l’information relative à l’éducation permanente et aux formations en milieu carcéral auprès de toute personne concernée.

-L’objectif premier est de permettre un meilleur accès de tous les détenus (même minoritaires : les femmes, les non-francophones, les analphabètes complets, les internés, …) au droit fondamental à l’éducation (même en prison) pour favoriser la réinsertion au bénéfice de l’ensemble de la société.

Concrètement, nous donnons des cours de remise à niveau, des cours de langues, des cours d’informatique et de gestion, etc.

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Nous avons fait nôtres les objectifs de l’éducation permanente : permettre au détenu de réfléchir sur sa place dans la société, sur ses droits mais aussi sur ses devoirs. Lui donner les outils, également, qui pourront l’ouvrir et lui permettre de commencer à «apprendre à apprendre».

S’il fallait résumer en quelques mots ces objectifs « éducationnels », on pourrait dire : émancipation, insertion, diplômes (CEB, etc.), formations métiers.

Avec, toutefois, la certitude qu’il faudrait également privilégier la prévention de la délinquance, les peines alternatives et une rénovation complète des prisons et de la politique pénitentiaire…

-Le second objectif, c’est la culture au sens large du terme. Aujourd’hui, nous privilégions une culture active, c’est-à-dire la mise sur pied d’ateliers d’écriture, de théâtre, de danse, de peinture, etc.

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Concert de Musta Largo à la prison de Nivelles en 2006Les 1ères années, des stagiaires jouaient aux échecs avec les détenus, nous prêtions des livres, amenions des articles culturels photocopiés. À une époque, nous avons également travaillé avec un comptoir de la Médiathèque : nous apportions des disques que nous prêtions aux détenus. Des spectacles et des concerts en prison ont également été organisés (Les Gangsters d’Amour, Sttellla, Musta Largo, ...). Aujourd’hui, les activités culturelles organisées privilégient des activités qui font directement appel à la créativité des détenu(e)s : ateliers de peinture, de théâtre, de musique, d’écriture, etc.

Cependant, dans le fond, il n’y a pas de hiérarchie entre les différentes activités qui tendent toutes vers le même but : l’insertion, étant entendu que l’insertion, ce n’est pas qu’avoir un métier, c’est aussi pouvoir faire évoluer ses représentations.

-Les formateurs et animateurs s’attachent à multiplier les compétences scolaires et sociales tout en agissant sur l’imaginaire des détenu(e)s. Ils souhaitent favoriser, par des activités adaptées, participatives et souvent ludiques, ainsi que par la mise en valeur de modèles d’identifications, une meilleure estime de soi, une augmentation des capacités relationnelles, une réflexion sur les parcours individuels et collectifs, une plus grande autonomie et l’émergence de projets réalistes en lien avec la motivation, moteur de tout apprentissage.

Nous travaillons d'ailleurs toujours à partir de la demande exprimée par les détenus, ce n'est qu'à partir de celle-ci que l’on pourra aboutir à des résultats positifs. Même si cette demande est au départ peu réaliste ou superficielle, elle peut se transformer au fil du temps en un réel projet constructif et réaliste. Il faut pour cela travailler avec le détenu sur ses besoins et sur ses perspectives réelles, tout en essayant de faire naître les dites motivations.

C’est peut-être là le cœur de notre action : susciter chez les détenus des envies de changer, d’apprendre, leur insuffler une curiosité, et les aider à retrouver des aspirations, et peut-être alors de nouvelles perspectives.